J’invite instamment tous les lecteurs de Médiapart (et nous ceux de Sémaphores) à visiter le site consacré aux œuvres du merveilleux peintre et dessinateur que fut Boris Taslitzky (http://www.boris-taslitzky.fr/accueil.htm) et à signer la pétition en ligne contre cette atteinte insupportable aux droits de l’art, des artistes et du public.
Pierre Bancel, fils de Louis Bancel, résistant du Vercors, sculpteur, ami de Boris et auteur du monument aux déportés de Buchenwald (cimetière du Père-Lachaise, Paris)
Le 17 août 2015 par Antoine Perraud (extraits)
« On ne lui connaissait pas encore ce petit côté taliban : Patrick Balkany est sur le point de faire détruire une œuvre d’art dans son fief de Levallois-Perret (92). Cinq panneaux de ciment gravé décorant une crèche collective, signés Boris Taslitzky (1911-2005). Visite guidée…
Levallois-Perret, dans les Hauts-de-Seine, les fonctionnaires municipaux ne se risquent pas à prendre leur courage à deux mains. Ils exsudent la peur. Comme s’ils avaient un canon de revolver braqué sur la tempe. Patrick Balkany, le maire du cru, n’aime pas la presse. Il a dû donner des consignes : son personnel oppose un motus et bouche cousue paniqué au journaliste de Mediapart venu aux renseignements. L’affaire s’avère pourtant culturelle, donc anodine, en cette ville où la figure de Néron semble plus proche de nous que celle de Malraux…
M. Balkany veut raser une crèche (sans doute dans son esprit le symbole du collectivisme nord-coréen), édifiée en 1968 (annus horribilis), située rue Vergniaud (affreux révolutionnaire de 1789), au numéro 13 (un malheur n’arrivant jamais seul) et portant le nom fort encombrant de Louise Michel. À Levallois, Louise Michel a sa station de métro et sa rue afférente, que viennent tempérer une place du Maréchal-de-Lattre-de-Tassigny et les rondes incessantes de la police municipale. Louise Michel est enterrée au cimetière local. (…)
Hic de taille : la crèche Louise Michel de la rue Vergniaud à Levallois est ornée de panneaux en ciment gravé de l’artiste Boris Taslitzky (1911-2005). Ces œuvres sont, de toute évidence, promises à la démolition, comme en témoigne le permis de construire sauvagement vissé à même la création : elle a quatre trous rogues au côté droit. (…)
Résistant pendant l’occupation, caché dans le Lot par Jean Lurçat, Boris Taslitzky, traqué, arrêté, fut déporté à Buchenwald (voir sous l’onglet “Prolonger” son travail sur l’univers concentrationnaire). Après la guerre, revenu des camps, il continua de jouer un rôle dont nous n’avons plus idée aujourd’hui : artiste organique au service du parti communiste français.
En 1968, longtemps après que Staline – sinon le stalinisme – a disparu, Boris Taslitzky compose un hommage à Louise Michel pour la crèche qui porte son nom, aux allures de post-Gauguin syncrétique : la militante de la Commune, bannie en Nouvelle-Calédonie, apparaît telle une madone républicaine ouvrant les bras à la différence kanak, aimée, respectée. Voilà ce qui décore la façade et qui risque de disparaître, telle une revanche des pires colons caldoches, à l’heure où le référendum promis à la Kanaky sur son avenir est menacé.
Pétition en ligne : « Sauvegarder les œuvres de Boris Taslitzky à Levallois-Perret »
http://www.petitions24.net/sauvegarder_les_uvres_de_boris_taslitzky_a_levallois-perret
article intégral sur Mediapart : http://www.mediapart.fr/journal/culture-idees/170815/levallois-patrick-balkany-met-lart-la-casse?onglet=full